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Contactez les experts en nettoyage extrême à Marseille, nettoyage après décès, décontamination post sinistre, désinfection de maison insalubre et débarras suite diogène

Une journée avec une équipe de nettoyage extrême à Marseille

Plongée minute par minute dans les coulisses d'une mission hors norme avec Extreme Clean Marseille.


Marseille, 6h12 – Réveil dans les coulisses d’un métier discret

Il est à peine 6h du matin dans un quartier calme du 10e arrondissement de Marseille. Tandis que la ville somnole encore, une équipe de trois professionnels s’affaire déjà à charger leur utilitaire. Ce matin-là, j’accompagne l’équipe d’Extreme Clean Marseille pour une mission de nettoyage extrême dans un appartement abandonné depuis plus d’un an. Il s'agit d’un logement insalubre à réhabiliter après un syndrome de Diogène sévère.

Le chef d’équipe, Stéphane, m’accueille avec un sourire franc, les traits tirés par une semaine déjà bien remplie. Aujourd’hui, tu vas voir ce que c’est qu’un vrai nettoyage extrême, pas un coup d’éponge sur une hotte.

Dans le coffre : combinaisons blanches, masques à cartouche, gants nitrile renforcés, sacs spéciaux DASRI (déchets à risques infectieux), désinfectants virucides, et un désodorisant à large spectre. Leur matériel évoque davantage un laboratoire que le ménage traditionnel.


7h01 – Arrivée sur les lieux, une odeur avant même la porte

Le bâtiment est un ancien immeuble haussmannien près de la gare Saint-Charles. Un syndic de copropriété a mandaté Extreme Clean suite à des plaintes de voisins. L’appartement est au 3e étage. Dès la cage d’escalier, une odeur acide et rance nous prend à la gorge. Stéphane me tend un masque FFP3.

Laisse jamais ton estomac au hasard dans ce métier.

L’équipe s’équipe en silence, concentrée. On entre.


7h27 – Première inspection : chaos organisé du Diogène

L’appartement est dans un état que peu imaginent. Des piles de journaux datés de 2016, des emballages de fast-food, des bouteilles d’urine, des excréments séchés d’animaux. Les fenêtres sont scotchées avec du plastique noir. Une chambre est inaccessible, bloquée par un amoncellement de meubles et de détritus. C’est un cas typique de syndrome de Diogène, une pathologie encore trop peu connue, caractérisée par une négligence extrême de l’hygiène et un entassement compulsif.

Selon l’INSERM, ce trouble toucherait entre 30 000 et 40 000 personnes en France, souvent âgées, isolées, et sans suivi médical régulier.


8h14 – Début du tri : objet par objet, sac par sac

L’équipe commence par ce qu’ils appellent le déblaiement brut. Pas de tri sélectif ici, tout part à l’incinération sauf les objets identifiables comme administratifs (papiers, cartes d’identité). Pour cela, une benne a été louée et placée dans la rue.

Christophe, le plus ancien de l’équipe, m’explique :

On pourrait croire que tout est à jeter, mais parfois on retrouve des papiers utiles pour la mairie, ou même des bijoux de famille sous les ordures.

Les sacs DASRI servent à évacuer les déchets contaminés : seringues, restes d’aliments moisis, excréments. À Marseille, ces déchets doivent être éliminés via une filière spécifique, conformément à la réglementation européenne sur les déchets dangereux.


9h56 – Pause café... dehors, masques retirés

Sous un mistral léger, l’équipe fait une pause café en silence. L’odeur reste imprégnée dans les vêtements. Stéphane me raconte que les interventions extrêmes ne sont pas toujours bien vues.

On n’est pas là pour juger. On restaure un lieu de vie. Et parfois, on rend même une dignité à quelqu’un.

Le travail de ces professionnels, bien qu’essentiel, est peu valorisé. Pourtant, leur mission participe à la santé publique, au même titre que les pompiers ou les services d’hygiène municipaux.


10h32 – Découverte à haut risque : seringues, moisissures noires

Dans la salle de bain, la découverte d’une trentaine de seringues usagées et de moisissures noires au plafond change la donne. Stéphane arrête l’intervention.

On appelle l’entreprise de désinfection partenaire. Là, c’est un risque biologique : potentiels restes de stupéfiants, spores toxiques.

En France, selon le Code de la Santé Publique (article R.1337-3), la prolifération de moisissures toxiques peut justifier l’insalubrité d’un logement, voire une évacuation d’urgence.


11h18 – Débarras du mobilier, précautions contre les punaises

Le salon est encombré de meubles imbibés d’humidité. Le matelas est jeté sans état d’âme. Stéphane le pulvérise au préalable avec un insecticide spécifique. Quand il y a syndrome de Diogène, il y a souvent des punaises ou des blattes. On prend zéro risque.

Depuis 2018, la présence de punaises de lit a été multipliée par 3 en France, selon un rapport de l’ANSES. Elles prolifèrent notamment dans les lieux mal entretenus ou inoccupés.


12h30 – Déjeuner rapide... mais jamais dans l’appartement

L’équipe mange à l’extérieur, dans leur utilitaire. Pas question de rester sur site sans protection. Même si tu penses que c’est propre, c’est jamais propre. Le nez peut mentir, les bactéries non.

Le déjeuner est simple : sandwichs, bouteilles d’eau, silence relatif. Le métier fatigue. Christophe me dit que les jeunes tiennent rarement plus de six mois. C’est un boulot dur, physiquement, mais surtout mentalement.


13h42 – Nettoyage technique : grattage, désinfection, aération

Retour dans l’appartement vidé à 90 %. C’est l’heure du nettoyage technique : racler les sols, aspirer à filtre HEPA, désinfecter avec un produit virucide de norme EN14476.

L’équipe commence par la cuisine. Les murs sont décapés jusqu’au placoplâtre. On ne nettoie pas, on décontamine, résume Stéphane.

La ventilation est cruciale : ils posent deux extracteurs d’air pour renouveler l’atmosphère toutes les 10 minutes.


15h05 – Brume désinfectante, fin de mission pour aujourd’hui

Une fois les surfaces nettoyées, Stéphane enclenche un nébuliseur : une machine qui diffuse un brouillard désinfectant dans toutes les pièces. Ce traitement final nécessite 3h d’aération sans présence humaine.

L’équipe laisse les lieux, referme soigneusement et placarde un avis sur la porte : Désinfection en cours – Accès interdit jusqu’à demain 9h.


15h47 – Retour au local, décontamination du matériel

De retour au local d’Extreme Clean, dans une zone artisanale au nord de la ville, chaque élément est décontaminé. Combinaisons, bottes, lunettes, tout est nettoyé à l’eau savonneuse puis désinfecté à l’alcool.

Les vêtements sont mis directement dans un lave-linge réservé aux interventions extrêmes. L’eau est traitée séparément, selon les directives du Code de l’environnement (article R541-2).


16h30 – Bilan de la journée : ce qu’on ne voit jamais

Autour d’un café de fin de service, l’équipe partage ses impressions. Une journée classique, me dit-on. Mais ce qui est classique ici serait exceptionnel ailleurs.

Le métier de nettoyeur extrême reste méconnu, parfois stigmatisé. Pourtant, ces hommes et femmes interviennent là où la société recule : décès isolés, logements insalubres, squats abandonnés.

C’est un travail invisible, mais vital.


Ce que cette immersion nous apprend

Passer une journée avec une équipe de nettoyage extrême, c’est comprendre une part oubliée de nos villes. À Marseille comme ailleurs, des dizaines de logements sont laissés dans un état critique, souvent par détresse humaine. Les nettoyeurs extrêmes ne sont pas là pour juger, mais pour remettre à niveau, parfois symboliquement, parfois physiquement, un lieu de vie.

Selon l’INSEE, en 2020, environ 2 % des logements en Provence-Alpes-Côte d’Azur étaient considérés comme potentiellement insalubres, et jusqu’à 7 % à Marseille dans certains quartiers comme Noailles, Belsunce ou les abords de La Belle de Mai【source: INSEE】.


Pourquoi ce métier mérite notre respect

Ce travail est aussi un miroir de notre société : ses fractures, sa solitude, sa précarité. Il nous rappelle que derrière chaque porte close, il peut y avoir une histoire de souffrance, de santé mentale, ou de pauvreté extrême.

Extreme Clean Marseille fait plus que nettoyer. Ils restaurent, parfois dans l’ombre, un peu d’ordre dans le chaos humain.