Avant / après : 5 cas réels de logements transformés par un nettoyage extrême à Marseille
Le nettoyage extrême ne concerne pas que les émissions de télévision. À Marseille, comme dans de nombreuses grandes villes françaises, certains logements atteignent des niveaux d’insalubrité tels que l’intervention de professionnels spécialisés devient indispensable. Dans cet article, nous allons vous raconter cinq histoires vraies de logements qui ont été complètement métamorphosés. Ce ne sont pas des récits exagérés : chaque cas présenté ici est basé sur des interventions réelles menées par des équipes de nettoyage spécialisées, souvent en urgence, parfois dans des conditions psychologiquement éprouvantes.
Pourquoi ces situations existent à Marseille
Marseille compte plus de 400 000 logements, dont une part importante est ancienne ou située dans des secteurs à forte précarité. D’après l’INSEE, environ 18 % des ménages vivent sous le seuil de pauvreté dans la métropole Aix-Marseille-Provence. L’isolement social, les troubles psychiques non traités, ou simplement le manque de moyens peuvent conduire à des situations extrêmes d’accumulation, de squats insalubres ou d’habitat indigne.
Cas n°1 : Un studio à Noailles, ravagé par le syndrome de Diogène
🕐 Durée de l’intervention : 3 jours
📍 Quartier : Noailles (13001 Marseille)
🏠 Surface : 27 m²
👥 Intervenants : 3 personnes
Avant
Le studio appartenait à une dame âgée vivant seule depuis 20 ans. Isolée, elle avait développé un syndrome de Diogène sévère : accumulation de journaux, de boîtes alimentaires, de vêtements usagés, jusqu’à n’avoir plus que 50 cm pour circuler entre les piles. L’odeur était irrespirable dès l’entrée de l’immeuble. Les voisins alertaient depuis des mois sans succès.
Pendant
L’équipe a évacué plus de 2,2 tonnes de déchets. Le sol n’était plus visible. Les murs étaient jaunis par la fumée de cigarette, et les sanitaires inutilisables depuis des mois. Un tri sélectif a été mis en place, car certains documents administratifs de valeur devaient être conservés.
Après
Le logement a été désencombré, nettoyé à la vapeur, désinfecté et repeint partiellement. Le parquet flottant a été remplacé. L’odeur persistante a été traitée à l’ozone. La propriétaire a pu être réintégrée dans son logement avec un suivi social mis en place par le CCAS.
Cas n°2 : Appartement squatté à Saint-Loup, devenu une décharge intérieure
🕐 Durée de l’intervention : 1 journée intensive
📍 Quartier : Saint-Loup (13010 Marseille)
🏠 Surface : 42 m²
👥 Intervenants : 4 personnes
Avant
Le propriétaire avait récupéré un appartement squatté depuis un an. À l’intérieur : matelas moisis, seringues, restes alimentaires en décomposition, murs tagués, infestation de cafards et de rats. L’état des lieux était impossible à réaliser tant l’odeur et l’humidité rendaient l’air irrespirable.
Pendant
L’intervention s’est faite en combinaison intégrale, avec ventilation constante. Tout le mobilier a été évacué. La désinsectisation a été réalisée dès les premières heures, suivie d’une désinfection complète à base de produits virucides et fongicides.
Après
Les sols ont été nettoyés à haute pression, les murs décapés et désinfectés. Les gaines d’aération ont été remplacées. L’appartement a retrouvé un aspect habitable, prêt à être rénové pour une future location.
Cas n°3 : Maison à La Valentine, insalubre après décès non signalé
🕐 Durée de l’intervention : 2 jours
📍 Quartier : La Valentine (13011 Marseille)
🏠 Surface : 95 m²
👥 Intervenants : 3 personnes
Avant
Le corps d’un homme vivant seul avait été découvert trois semaines après son décès. L’intérieur de la maison était en décomposition avancée, l’air toxique, les fluides corporels s’étaient infiltrés dans les sols en lino et le mobilier.
Pendant
Un protocole de bio-nettoyage a été mis en œuvre, avec aspiration des larves et mouches, décontamination bactérienne, retrait des meubles contaminés, et traitement des odeurs par nébulisation. Des plaques de sol ont dû être découpées et évacuées.
Après
Une entreprise de rénovation a pris le relais pour refaire les sols et réenduire les murs. Grâce au nettoyage extrême, la maison a pu être transmise aux héritiers sans danger sanitaire. Ce type d’intervention s’inscrit dans le cadre du nettoyage post-mortem, un domaine encadré par des règles strictes de sécurité.
Cas n°4 : Studio étudiant transformé en poubelle vivante à la Belle de Mai
🕐 Durée de l’intervention : 1,5 jour
📍 Quartier : Belle de Mai (13003 Marseille)
🏠 Surface : 18 m²
👥 Intervenants : 2 personnes
Avant
Un étudiant en détresse psychologique avait cessé d'entretenir son logement. Pizzas périmées, canettes, excréments d’animaux (il hébergeait 3 chats non déclarés), linge souillé et moisissures noires sur les murs.
Pendant
Tout a été vidé, y compris les tapisseries imbibées d’urine animale. Un traitement fongicide a été appliqué sur les murs. Le sol a été gratté à la main à cause des dépôts incrustés. L’intervention a été coordonnée avec une assistante sociale et un médecin.
Après
Le logement a pu être désinfecté, repeint et remis en état pour un nouveau locataire, tandis que le jeune homme a été relogé temporairement en résidence sociale.
Cas n°5 : Maison familiale délaissée à l’Estaque après expulsion
🕐 Durée de l’intervention : 3 jours
📍 Quartier : L’Estaque (13016 Marseille)
🏠 Surface : 120 m²
👥 Intervenants : 4 personnes
Avant
Après une procédure d’expulsion, les propriétaires ont découvert une maison saccagée. Câbles arrachés, graffitis sur les murs, sacs de déchets éventrés dans le jardin, cuvette des WC remplie de boue, odeurs de moisissures et d'urine humaine.
Pendant
L’équipe a commencé par sécuriser les accès. Une première journée a été consacrée au désencombrement (plus de 4 tonnes de déchets évacués). Puis est venu le nettoyage haute pression, le lessivage des murs et plafonds, l’assainissement du circuit d’eau.
Après
La maison a été nettoyée de fond en comble, y compris les combles infestés de nuisibles. Un certificat de désinfection a été remis pour permettre la remise en location après rénovation.
Comprendre les dimensions sociales et sanitaires de ces interventions
Ces cinq cas ne sont pas anecdotiques. Ils traduisent une réalité marseillaise où précarité, troubles psychiatriques ou abandon social peuvent rendre l’habitat invivable. Le nettoyage extrême devient alors une nécessité sanitaire, mais aussi une étape cruciale vers la dignité et la réinsertion.
Selon le rapport de l’Observatoire de la précarité énergétique (ONPE), près de 15 % des Français vivent dans des logements qualifiés d’indignes ou fortement dégradés. À Marseille, plusieurs quartiers (comme le centre-ville ancien ou la Belle de Mai) concentrent ces problématiques.
Les professionnels du nettoyage extrême doivent composer avec :
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des risques biologiques (agents pathogènes, moisissures),
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des risques psychologiques (situations humaines délicates),
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des contraintes logistiques (évacuation, traitement des déchets spéciaux, coordination avec les services sociaux ou les pompes funèbres).
Ce qu’on apprend de ces cas
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Le nettoyage extrême est souvent le dernier recours avant la condamnation d’un logement.
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Il ne s’agit pas seulement de propreté, mais de sécurité sanitaire et de dignité humaine.
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Chaque intervention est unique, nécessite une expertise technique et un profond respect des personnes.
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Marseille, ville contrastée, offre autant de défis qu’elle révèle de fractures sociales.